26

Elle se retrouva les quatre fers en l’air sur un sol de ciment, le sang martelant ses oreilles.

Elle entendit Ry dégringoler derrière elle – avec un bruit semblable à celui d’une poubelle en ferraille sur laquelle on aurait frappé de toutes ses forces. Elle roula sur le côté juste à temps avant qu’il ne débouche de la descente. Il atterrit en souplesse et se remit aussitôt sur ses pieds.

« Ça va ? » Il l’aida à se relever, lui rendit sa sacoche et lui caressa la joue avec le dos de la main. « Vous avez été formidable. »

Zoé était vibrante d’énergie, bouillonnante d’adrénaline.

« Je l’ai fait, Ry ! J’avais tellement peur de descendre par ce truc, j’ai bien cru que j’allais m’évanouir, mais je l’ai fait, et c’était exactement comme dans L’Agence tous risques, la façon dont on les a eus, et j’ai bien failli avoir la peau de cette salope de Yasmine Poole, aussi, et… !

— Zoé, il faut qu’on…

— Et j’ai toujours le film, Ry, la boîte était vide. Je me suis dit que j’allais faire d’une pierre deux coups, que j’allais les arnaquer et créer une diversion en même temps…

— Oui, c’est bien ce que je pensais. Bon, et maintenant…

— Mais je le leur aurais donné, s’il avait vraiment fallu, pour vous sauver la vie. Mais, Ry, je ne comprends pas pourquoi vous m’avez empêchée de lui tirer dessus. Je n’allais pas la tuer, juste la faire saigner un bon coup, alors vous auriez dû me laisser faire.

— On l’aura, on aura sa peau, ne vous en faites pas. Mais pour le moment…

— Parce que vous savez qu’elle va nous filer le train, et même si je ne devais plus jamais revoir cette bonne femme de ma vie ni dans aucune de mes futures réincarnations, il n’empêche que… »

Il lui colla la main sur la bouche. Il avait la paume chaude et sèche. Elle avait encore le cœur qui battait furieusement, et elle faisait des petits bonds sur place comme un boxeur. Elle se rendit compte tout à coup qu’elle entendait de grosses chaussures dévaler l’escalier, des cris, des coups de sifflet, des crépitements de radio. Des lumières bleu et rouge clignotaient derrière un vasistas crasseux, en haut du mur de la cave.

Elle respira très fort par le nez et concentra lentement son regard sur le visage de Ry. Il enleva sa main.

Elle inspira un bon coup, déglutit.

« On n’est pas tirés d’affaire, hein ?

— Nan. Respirez encore un bon coup. Parfait. Vous commencez à vous calmer. »

Zoé inspira profondément, regarda autour d’elle. Ils étaient dans une espèce de buanderie, tout juste assez grande pour un évier profond et une vieille machine à laver qui en avait vu de toutes les couleurs.

Elle vit que Ry s’était approché de la porte qui donnait sur la rue : elle se trouvait en haut d’un escalier de métal gris qui montait sur l’équivalent d’un demi-étage, et était fermée de l’intérieur par un simple verrou. Ry tourna le verrou, entrouvrit la porte de quelques centimètres, jeta un coup d’œil au-dehors et referma doucement la porte.

« Derrière, il y a six marches qui mènent à une impasse, dit-il en revenant vers elle. Des ouvriers travaillent sur une conduite de gaz ou je ne sais quoi dans la rue, devant l’immeuble, ce qui a empêché les voitures de police de se garer plus près. Mais on ne peut pas sortir comme des fleurs, à cause de deux flics qui montent la garde pas loin de la porte, armés de pistolets mitrailleurs MAT-49.

— Génial. Alors comment on va sortir de là ?

— On va créer une diversion pour attirer les flics loin de la ruelle. Un truc qui ferait beaucoup de bruit, de flammes et de fumée serait pas mal. »

Zoé parcourut la petite buanderie du regard, mais, en dehors de la vieille machine à laver et de l’évier, elle ne vit que des toiles d’araignée, suffisamment pour tisser une petite tapisserie.

« Eh bien, à moins qu’ils n’aient peur des araignées, je ne vois rien ici qui soit susceptible de créer une diversion. »

Ry était penché sous l’évier et fourrageait parmi les détergents et les produits qui y étaient entassés.

« Zoé, la chance est avec nous. Ils ont de l’eau de Javel et du Destop. On va pouvoir fabriquer une bombe.

— On peut faire une bombe avec du débouche-évier ?

— Il y a de la soude caustique, dedans. Mélangée avec de l’eau de Javel et de l’ammoniaque, ça produit de l’hydrogène. Rien de méchant ou de mortel, juste de la fumée, mais ça devrait attirer leur attention. »

Il posa l’eau de Javel, l’ammoniaque et le Destop sur la machine à laver.

« Regardez dans la poubelle, là, s’il n’y a pas un récipient d’un litre, en verre ou en plastique. Une bouteille de coca, par exemple, mais n’importe quoi fera l’affaire pourvu qu’il y ait un bouchon… »

Tout en écoutant de nouvelles sirènes tourner au coin de la rue, Zoé fouilla dans les boîtes de lessive vides, les récipients de plats à emporter, une bombe d’amidon…

« Une bouteille d’Évian, ça irait ?

— Parfait. »

Une porte claqua au-dessus de leur tête, si fort que tout l’immeuble trembla. Les pas pesants de lourdes bottes pilonnèrent l’escalier intérieur, deux ou trois étages seulement au-dessus d’eux.

« Ry, ils arrivent !

— Ça va aller. Ils vont commencer par fouiller le rez-de-chaussée. »

Il replongea sous l’évier, et en ressortit une clé à mollette rouillée qu’il lui tendit.

« Bon, fit-il. Voilà comment on va s’y prendre. Quand j’aurai ajouté le Destop dans la bouteille, je vais la boucher, et on aura une quinzaine de secondes avant qu’elle n’explose. Vous allez lancer cette clé à mollette à travers la vitre et appeler à l’aide en français : « Au secours ! Aidez-moi ! » Attendez que je lance la bombe avant de sortir par la porte, et laissez-moi passer en premier au cas où ils se mettraient à tirer. D’accord ? »

Zoé hocha la tête, même si ses jambes commençaient à flageoler.

Elle regarda Ry verser l’eau de Javel et l’ammoniaque dans la bouteille d’Évian – il en renversa un peu à côté parce qu’ils n’avaient pas d’entonnoir –, puis il ajouta le Destop et reboucha la bouteille en vitesse.

« Brisez la vitre, tout de suite ! » dit-il à Zoé.

Au même instant, quelqu’un dans la rue brailla :

« Arrêtez ! »

Une femme poussa un hurlement.

Zoé prit son élan et balança la clé à molette dans la fenêtre, toute tremblante de peur de rater son coup.

La clé à mollette cassa la vitre. Zoé se mit à crier : « Au secours ! À l’aide ! » de toute la force de ses poumons, et courut vers la porte. Du coin de l’œil, elle vit Ry lancer la bombe au Destop par la vitre brisée, puis il gravit l’escalier quatre à quatre, ouvrit le verrou et fonça par la porte, Zoé sur ses talons.

Ils montaient les marches extérieures et débouchaient dans la ruelle quand une terrible explosion ébranla l’air.

 

Zoé sentit les murs de pierre de l’immeuble trembler sur leurs fondations. Les vitres volèrent en éclats, et ce fut une cacophonie de cris et de hurlements.

Dans la rue, c’était le chaos. Une conduite d’eau s’était rompue ; un geyser avait fait sauter une plaque d’égout et jaillissait vers le ciel. Des briques et des fragments de pierre jonchaient les trottoirs et, à l’endroit où les hommes s’affairaient sur la conduite de gaz, un cratère béait maintenant au milieu de la chaussée.

Ils partirent d’abord par la droite puis, voyant un bataillon de CRS descendre d’un fourgon garé au coin de la rue, prirent à gauche. Ils croisèrent un flic qui aboyait dans sa radio, mais tout le monde courait alors dans tous les sens, si bien qu’ils ne se firent pas spécialement remarquer.

Ils évitèrent un taxi qui était monté sur le trottoir et avait défoncé la vitrine d’un caviste. Les bouteilles de vin cassées déversaient leur contenu sur le trottoir et on aurait dit que des ruisseaux de sang coulaient dans le caniveau. Zoé vit un vieil homme coiffé d’un béret coincer sous son bras la baguette qu’il venait d’acheter et chercher du regard le moyen de sauver quelque chose du désastre.

Ry attrapa Zoé par le bras et l’attira vers un réverbère – non, vers la mobylette rouge arrêtée à côté. Un cube rouge, à l’arrière, arborait l’inscription Pizzeria Luigi. Le livreur n’était pas en vue, mais il avait laissé tourner le moteur.

Ry envoya valser le cube d’un bon coup de pied, bondit en selle, releva la béquille et démarra si vite que Zoé eut à peine le temps de sauter derrière lui. Comme ils tournaient au coin de la rue et passaient sous la gerbe qui jaillissait des canalisations parisiennes, Zoé jeta un coup d’œil derrière elle et entrevit une tache rouge, flamboyante : le tailleur haute couture de Yasmine Poole.

 

« Vous aviez dit rien de méchant ou de mortel ! » hurla Zoé à l’oreille de Ry.

Il partit d’un grand éclat de rire. Ce mec était fou.

« La bombe au Destop a dû rouler dans le chantier de la conduite de gaz, et s’il y avait un chalumeau allumé au fond, l’hydrogène s’est enflammé, et boum ! »

Ils traversèrent la Seine à toute vitesse et longèrent la Rive gauche, slalomant entre les véhicules indifférents aux notions de files, de clignotants et, de façon générale, aux règles du code de la route.

Elle aurait voulu lui demander où ils allaient, mais c’était impossible dans tout ce vacarme. Alors, les bras passés autour de la taille de Ry, elle regarda défiler le décor parisien en essayant d’oublier qu’elle n’avait pas de casque.

Le crépuscule tombait, les lampadaires s’allumaient, les bouquinistes, le long des quais, refermaient leurs boîtes. Le froid humide de février traversait son blouson de cuir, la glaçant jusqu’à la moelle des os. De l’autre côté du fleuve, elle vit un monument qu’elle reconnut : le Louvre. Elle regarda défiler les façades derrière les arbres dénudés. Un bateau-mouche passa, projetant une tache de lumière sur les murs en pierre de taille et les toits gris. Alors qu’ils étaient arrêtés à un feu rouge, coincés entre un bus qui crachait un nuage noir parfumé au diesel et un camion de bouteilles, Zoé se retourna pour jeter encore un coup d’œil au célèbre musée, et vit l’éclat rouge d’une silhouette assise au volant d’une BMW argent, quelques dizaines de mètres derrière eux.

Non, impossible.

Tout à coup, pour éviter les voitures pare-choc contre pare-choc, la BM monta sur le trottoir, rasant la façade des immeubles, éparpillant les piétons comme des quilles au bowling. Zoé eut une vision d’étincelles arrachées par le rétroviseur à la pierre des murs alors qu’elle fondait sur eux.

Elle donna un coup de coude dans les côtes de Ry et lui hurla « Foncez ! » à l’oreille, mais il avait déjà tourné la tête, intrigué par ce qui provoquait ce mouvement de foule. La BM s’arrêta dans un crissement de freins, momentanément coincée par un camion de déménagement garé sur un bateau, mais elle était assez proche maintenant pour que Zoé voie nettement la personne qui était au volant. C’était bien Yasmine Poole, et elle avait l’air totalement hors d’elle. Elle avait aussi l’air trempée comme un rat d’égout, et Zoé aurait souri si elle n’avait pas été aussi effrayée.

La vitre arrière de la BM se baissa et une main en émergea, tenant un semi-automatique. La longue arme grise oscilla lentement jusqu’à ce que Zoé regarde droit dans le canon, gros et noir comme la bouche de l’enfer.

« Allez ! hurla-t-elle.

— Aller où ça ? cria Ry. Avec ce putain de feu rouge…

— Un flingue ! Pointé droit sur… »

Une balle rasa l’oreille de Zoé et tinta sur la carrosserie du bus qui se trouvait devant eux. La suivante se perdit dans la nature, provoquant une envolée de pigeons, pourtant habitués aux pétarades.

Et puis le feu passa au vert et Ry démarra en trombe. La mobylette, petite et légère, bondit avec une telle puissance qu’elle décolla du macadam, et Zoé bascula en arrière. L’espace de quelques secondes de terreur, elle se retrouva à l’horizontale, parallèlement à la chaussée, et seule la main qu’elle avait crispée sur la ceinture de Ry l’empêcha de tomber. Quand même, sa tête faillit heurter l’un des énormes pneus avant du bus, s’en approchant de si près qu’une mèche de ses cheveux se coinça dans le pare-chocs et fut arrachée avec ses racines.

Une autre balle creusa un sillon dans l’asphalte juste devant ses yeux terrifiés.

Elle réussit de justesse à se redresser avant que Ry fasse froidement une queue de poisson à un bus et à un taxi, puis donne un tel coup de guidon à droite que leur pneu arrière dérapa : Zoé faillit à nouveau faire un vol plané. Ils montèrent sur le trottoir, évitèrent de justesse un éventaire de bouquiniste plein d’albums de timbres et de cartes postales, se lancèrent sur un pont en arcade et foncèrent vers l’autre rive du fleuve.

Zoé jeta un coup d’œil par-dessus son épaule juste à temps pour voir la BM gris métal faire demi-tour, coupant la route à quatre files de voitures. Il y eut des hurlements de pneus, des coups de klaxon courroucés, et un bruit retentissant de métal s’écrasant sur du métal, mais la BM en sortit miraculeusement intacte et se lança à nouveau à leur poursuite.

Où étaient ces satanés flics ? se demanda Zoé, et l’instant d’après elle entendit mugir une sirène.

Au bout du pont, le feu était au vert, et pendant une seconde Zoé pensa que Ry allait prendre une grande artère à trois voies, mais il remonta sur le trottoir, fila à travers une rangée de bornes en béton et entra dans un parc.

L’allée de gravier était pleine de gens qui faisaient leur promenade du soir, mais Ry fonça dans le tas en ralentissant à peine, abandonnant derrière lui un sillage de protestations et de gestes furieux mais, grâce au ciel, pas de cadavres.

Zoé entendait maintenant beaucoup de sirènes, elle voyait des éclairs de lumière bleue mais, compte tenu du nombre d’infractions au code de la route qu’ils avaient commises, elle n’était plus très sûre de vouloir voir les flics.

Ils filèrent entre des rangées de platanes, des haies de troènes et des massifs géométriques. Ils contournèrent un bassin rond entouré d’un muret et sur lequel flottaient des icebergs miniatures entre lesquels un gamin essayait de faire voguer un petit bateau, puis ils jaillirent du parc et se retrouvèrent sur la plus grande place que Zoé ait vue de sa vie : un endroit immense, avec un énorme obélisque égyptien au centre.

Six rues partaient de la place et elles étaient toutes encombrées par la circulation de l’heure de pointe. Les voitures, les autobus, les bicyclettes, les motos et les camions virevoltaient, désinvoltes et désordonnés, à une vitesse vertigineuse. Ry slaloma entre tous ces véhicules comme un skieur qui aurait dévalé une montagne, ignorant les feux de signalisation, les flics, se livrant à des excentricités pour lesquelles il aurait été tout simplement abattu sur une autoroute de Los Angeles.

Zoé fouilla du regard le kaléidoscope de phares tourbillonnants à la recherche de la BM métallisée et d’un éclair de cheveux roux. On les a semés, se dit-elle, en regrettant de ne pas arriver à y croire elle-même.

Ils avaient peut-être fait le quart du tour de la gigantesque place lorsque Ry quitta le sens giratoire pour s’engager sur l’une des plus larges artères qui en partaient. Ils avançaient encore relativement vite, mais il avait cessé de violer tous les articles du code de la route. C’était un miracle que tous les flics de la circulation de Paris ne se soient pas encore jetés sur eux.

La rue sur laquelle ils se trouvaient palpitait d’enseignes de boutiques, de cafés et de restaurants. Ry s’arrêta à un feu rouge. Devant eux se dressait une place avec une église qui ressemblait à un temple grec. Elle disparaissait à moitié sous les échafaudages, mais la porte était grande ouverte et malgré le froid, un homme en complet veston mangeait un McDo en lisant le journal, assis sur les marches de marbre qui descendaient vers la rue.

Tout à coup une cacophonie de klaxons éclata derrière eux. Zoé se retourna et vit la BM argent surgir de derrière un car de touristes japonais. Le type en sweat à capuche bleu armé de son semi-automatique était penché par la vitre arrière, bien décidé à ne pas manquer son coup, cette fois.

« Les revoilà ! » s’écria Zoé.

Le Secret des Glaces
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